Les biocarburants pourront-ils relancer les voyages d’affaires ?

Kevin RAVELOJAONA
- février 8, 2022
Fortement impacté par la pandémie de la covid-19, le secteur des voyages d’affaires doit agir pour reconquérir le marché. À cette occasion, les Compagnies aériennes et les Travel Management Company s’emparent peu à peu des Sustainable Aviation Fuels (biocarburant). Dans cet article, nous vous détaillerons les enjeux et les actions misent en place par les acteurs du secteur des voyages d’affaires pour reconquérir le marché.
Les voyages d'affaires : sensible à la pandémie de la covid-19
Les restrictions de déplacement liées à la pandémie ont obligé un grand nombre d’entreprises de redéfinir leurs priorités en termes de voyage. De nos jours, la Responsabilité Sociétale des Entreprises est devenue une dimension incontournable dans l’organisation d’un déplacement, avec une notion de « voyage essentiel ». Cependant, selon Aurélie Duprez, associée fondatrice d’Areka Consulting : « Aujourd’hui, il n’y a pas d’OBT (online bookingtool) qui permettent de comparer les émissions entre une compagnie A et une compagnie B sur une même route, et c’est un problème pour les acheteurs et les travel manager. Je pense que ça va bouger. Les OBT y travaillent. »
La prise en compte de l’aspect RSE engendrera donc des évolutions technologiques. Cependant, le calcul de la RSE ne se limite pas qu’à l’émission de CO2, d’autres critères comme la gestion des déchets, du bruit, de l’eau ou encore les conditions de travail sont à prendre en compte.
Les biocarburants, pour optimiser les émissions de CO2 du transport aérien.
Le secteur aéronautique se sent obliger de se tourner vers un mode de transport plus respectueux. Le SAF, Sustainable Aviation Fuel est l’un des levier pour limiter son impact sur l’environnement. Opter pour du biocarburant semble être plus intéressant car sa production repose sur le recyclage de déchets. Cela répond donc aux obligations gouvernementales et à la démarche RSE.
Un modèle économique en perte de vitesse ?
Le voyage d’affaires a fortement été impacté par la crise sanitaire. Cela ne semble pas avoir empêché l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché, portée par des investisseurs, tel que TripActions ou encore TravelPerk.
« Ces nouveaux acteurs arrivent avec un ADN profondément digital, qui intègre le travel, l’expense, les moyens de paiement et des pricing model différents d’une agence classique, souvent au voyage ou un abonnement par utilisateur, observe Christophe Roth. Cela amène une réflexion sur les modèles financiers. Nous avons un peu de mal, en Europe, à bouger du modèle transactionnel. Ils sont également positionnés sur un secteur middle market, qui est aujourd’hui extrêmement porteur. Il y a une prise de conscience sur la valeur ajoutée de l’agence. » La crise a accéléré la transformation du voyage d’affaires. « Le modèle économique est en fin de vie. Il n’est plus viable », complète Amélie Berruex, Partner – AxysOdyssey.
Reprise du marché en 2022
Malgré que ce secteur a été fortement impacté durant ces 2 dernières années, l’aviation se penche dorénavant vers le Sustainable Aviation Fuels pour se relancer sur le marché. Le secteur des voyages d’affaires tente donc d’aller plus vite pour reprendre les vols des voyageurs professionnels en optant pour cette solution à plus court terme.
Des partenariats entre Travel Management Company et compagnies aériennes
La solution pour une reprise imminente des voyages d’affaires se trouve dans l’utilisation des biocarburants. À cette occasion, des partenariats, accord et communications ne cessent de voir le jour. Delta Airlines et la TMC BCD Travel se sont par exemple récemment associés pour « favoriser l’utilisation de carburant durable d’aviation ». L’objectif de ces partenariats est donc de compenser les émissions des déplacements des voyageurs d’affaires. L’utilisation des biocarburants est tout de même 3 à 8 fois plus cher que le kérosène traditionnel.
Chez Air France, surcharges et contributions volontaires
Air France a décidé d’augmenter le prix de ses billets de quelques euros pour compenser l’utilisation du biocarburant. Cette « contribution carburant aviation durable » s’applique également aux vols KLM et Transavia. Cependant, les acheteurs semblent être mitigés sur ces mesures, des questionnements sur une simple augmentation des prix font débat. De plus, depuis le 13 janvier la compagnie propose une autre contribution à teneur écologique. Cette contribution se fait par le volontariat des passagers.
La compagnie a également lancé un programme SAF corporate qui est destiné aux business travelers. L’objectif est donc de pousser les entreprises à investir dans un transport aérien plus vert. Les professionnels restent tout de même sceptiques sur les surcoûts mis en place. Selon Guillaume Faury, le grand patron d’Airbus, le biocarburant n’est pas une solution sur le long terme, cela nécessite énormément d’investissement alors que la covid a mis le secteur en difficulté.